LEloge de l'oisiveté est une pépite dénichée dans l'oeuvre immense et protéiforme de Bertrand Russel. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mêmes de la civilisation moderne. Derrière l'humour et l'apparente légèreté du propos se cache une réflexion de natu
Descriptiondu livre Eloge de l'Oisiveté : Eloge de l'Oisiveté a été écrit par Bertrand Russell qui connu comme un auteur et ont écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. Eloge de l'Oisiveté a été l'un des livres de populer sur 2016. Il contient 38 pages et disponible sur format . Ce livre a été très surpris en raison de sa note
BertrandRussell : « Éloge de l’oisiveté ». Bertrand Russel (1872-1970) était mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique est un digne représentant de la philosophie analytique, considéré avec Gottlob Frege, et Alfred North Whitehead comme l’un des fondateurs de la logique
BertrandRussell [1872-1970], Éloge de l'oisiveté. [1932]. Paris: Les Éditions Allia, 2002, 40 pp. Première édition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Éditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de l’anglais par Michel Parmentier. La version anglaise est disponible sous le titre: “In Praise of Idleness”.
RUSSELL(Bertrand), Éloge de l’oisiveté, [In Praise Of Idleness], traduit de l’anglais par Michel Parmentier, Paris, Allia, [] 7 e éd. 2010, 38 p. Eh oui, après tout récemment Pourquoi je ne suis pas chrétien , voici un autre (tout petit) essai de Bertrand Russell, sur une question qui m’est chère.
Russelne fait pas exception. S’il combat la morale du travail, c’est au nom d’une morale aristocratique qui vante les valeurs de la distinction, source de l’épanouissement de soi. Eloge de l'oisiveté, Bertrand Russel, éditions Allia, 26 janvier 2002, 38 pages, 6,20 euros, ISBN-13: 978-284485083.
BERTRANDRUSSEL ÉLOGE DE L'OISIVETÉ (D'après la traduction de Michel Parmentier) Ce livret est gratuit ! Fais le tourner sans pitié ! Un dossier Esprit68 Télécharger le PDF (483,33 KB) Avis . 4 / 5 28 votes. ADRIEN Date d'inscription: 20/03/2016. Le 14-06-2018. Salut les amis Avez-vous la nouvelle version du fichier? Merci beaucoup . JEAN
LnbO. Publié le mardi 26 mai 2020 à 13h34 En 1932, une crise, comme celle que nous pourrions connaître, menace l'économie mondiale. Alors que la question de l'allongement du temps de travail et de la réduction des jours de congés revient au cœur des débats, redécouvrons un texte du philosophe Bertrand Russell, dans lequel il faisait l'éloge de l'oisiveté. Petit-fils de Premier ministre, Bertrand Russell, philosophe et mathématicien gallois issu d'une des plus grandes familles britanniques Whig, publiait, en 1932, dans la revue, Review of Reviews, un article au ton sardonique et au titre provocateur, In Praise of Idleness, traduit par Éloge de l'Oisiveté. Deux ans plus tard, ce même texte imprimé dans un recueil d’essais, commence ainsi Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j'ai été élevé selon le principe que l'oisiveté est mère de tous les vices. Comme j'étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu'on me disait, et je me suis ainsi doté d'une conscience qui m'a contraint à peiner au travail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours été soumises à ma conscience, mes idées, en revanche, ont subi une révolution. En effet, j'en suis venu à penser que l'on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu'il importe à présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels. Bertrand Russell défend l'idée que, pour accéder à davantage de bonheur, voire même éviter de mettre en péril l'économie, il faut procéder à une baisse du temps de travail journalier, écorchant au passage toute la valeur "vertueuse" du travail Pour parler sérieusement, ce que je veux dire, c'est que le fait de croire que le TRAVAIL en lettres majuscules dans le texte est une vertu est la cause de grand maux dans le monde moderne, et que la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail. Pour Bertrand Russell, cette valorisation du travail est un phénomène historique et culturel. Il explique que la diminution du temps travaillé est non seulement souhaitable mais rendue possible grâce aux progrès techniques. Catégorisant d'une façon un peu simpliste le travail en deux types d'activité, il dénonce au passage l'organisation hiérarchique mise en place dans notre société Il existe deux types de travail le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la Terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé. Le second type est agréable et très bien payé. Le second type de travail peut s'étendre de façon illimitée il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d'ordres à donner. Le philosophe, égalementmathématicien et logicien, peut être considéré comme un rationaliste dénonçant alors l'injuste répartition du travail qui s'est répétée notamment après la Première Guerre mondiale La guerre a démontré de façon concluante que l'organisation scientifique de la production permet de subvenir aux besoins des populations modernes en n'exploitant qu'une part minime de la capacité de travail du monde actuel… Si, à la fin de la guerre, cette organisation… avait été préservée, et si on avait pu réduire à quatre le nombre d'heures de travail, tout aurait été pour le mieux. Au lieu de quoi, on en est revenu au vieux système chaotique où ceux dont le travail était en demande devaient faire de longues journées tandis qu'on abandonnait le reste au chômage et à la faim. L'oisiveté comme loisir studieux n'est pas un vilain défaut Bertrand Russell prêche pour une évidente répartition du travail, libérant ainsi du temps de loisir. Loisir dont les classes supérieures, privilège des prêtres et des guerriers au Moyen Âge, peut faire craindre qu'il incite ses bénéficiaires à une oisiveté dangereuse et corruptrice. Une notion qui, comme le rappelle le philosophe, a toujours choqué les riches. Se souvenant de son enfance, Russell est né en 1872, à une époque où les travailleurs des villes commençaient à acquérir des jours fériés, il se rappelle la réflexion d'une vieille duchesse Qu'est ce que les pauvres vont faire avec des congés ? C'est travailler qu'il leur faut. Si la signification des mots oisiveté et loisir semble se confondre dans le texte et porte à confusion, leur notion respective en appelle à deux activités bien différentes. Par loisir, leisure en anglais, il ne s’agit pas d'un vif encouragement à la paresse, à l’inaction ou au divertissement. En fait, il serait plus adéquat d'employer le terme latin otium, une conception ancienne qui s'apparente à une forme de loisir studieux. Cette oisiveté est celle louée par le philosophe romain de l'école stoïcienne, Sénèque. Dans un essai écrit en 62 apr. au même titre que celui de Russel, le philosophe proclame …isolés, nous serons meilleurs. Dira-t-on qu'il est permis de se retirer auprès des hommes les plus vertueux, et de choisir un modèle, sur lequel on règle sa vie ? Cela ne se fait qu'au sein du repos. Dans son analyse et ses réflexions, Bertrand Russell procède à une différenciation marquée entre les pôles que sont l'Orient et l'Occident dans leurs rapports et leurs problématiques respectives au travail ainsi que de sa valeur. Il fait grand cas de l'URSS également, comparant la situation du prolétariat en Russie avec celle des femmes En général, ils les riches en Russie ont essayé de faire croire aux travailleurs manuels que toute activité qui consiste à déplacer de la matière revêt une certaine forme de noblesse, tout comme les hommes ont tenté de faire croire aux femmes que leur esclavage sexuel conférait une espèce de grandeur. Après un diagnostic, le philosophe opère dans son analyse, une nette différenciation d'appréhension entre production et consommation. La première monopolise davantage les attentions que la seconde et ainsi, l'homme, tout absorbé à produire, oublie de juger et surtout d'évaluer les avantages et le plaisir que procure cette tâche au consommateur. Ce divorce, explique Russell, entre les fins individuelles et les fins sociales de la production, empêche les gens de penser clairement. La journée de quatre heuresQuand je suggère qu'il faudrait réduire à quatre le nombre d'heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu'il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu'il reste. Je veux dire qu'en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu'il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui semble. Ainsi réduit le temps passé au travail, le philosophe estime que l’homme, grâce à l’éducation, pourrait être un "oisif " dont il fait un éloge tempéré car ces privilégiés, dans des temps plus anciens, pouvaient aussi se montrer tyranniques Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considérable. La classe oisive bénéficiait d’avantages qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nécessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait à inventer des théories qui pussent justifier ses privilèges. Ces caractéristiques flétrissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgré ce handicap, c’est à elle que nous devons la quasi totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a généralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie. Le philosophe conclut son texte en panégyrique de ce temps d'oisiveté, temps de loisir mis à profit intelligemment, "humainement" tout en constatant la triste obstination de la marche du monde Il y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à l’épuisement… Les hommes et les femmes ordinaires, ayant la possibilité de vivre une vie heureuse, deviendront plus enclins à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaîtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné. La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bonté est le produit de l’aisance et de la sécurité, non d’une vie de galérien. Les méthodes de production, modernes, nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment. Que cet Éloge de l'Oisiveté soit porteur d'un message résolument pacifiste n'est pas anodin d'une part, il correspond aux convictions de son auteur et d'autre part, à cette période de l’entre-deux guerres, en plein milieu de la Grande Dépression, le chômage augmente fortement aux États-Unis, puis en Europe, suite au krach boursier du fameux jeudi noir. Libre penseur et activisteHomme politique engagé, pacifiste convaincu lors de la Première Guerre mondiale, Bertrand Russell, alors socialiste modéré, opte pour une non intervention relative pendant la Seconde Guerre mondiale. Outre ses activités politiques, il fut un grand mathématicien et un enseignant de premier ordre dans de nombreuses et prestigieuses universités. Son œuvre est immense car multidisciplinaire et comprend également des romans et des nouvelles. En 1950, Bertrand Russell reçut le Prix Nobel de littérature, en particulier pour son engagement humaniste et également comme libre-penseur. Pour anecdote, en septembre 1961, à l'âge de 89 ans, Russell se retrouva emprisonné pendant sept jours à la prison de Brixton pour "violation de la paix". Le philosophe quinquagénaire fût arrêté après avoir pris part à une manifestation anti-nucléaire à Londres. Le magistrat jugeant l’affaire, offrait à Russell l'exonération de sa peine de prison à condition qu'il promette devant la cour d'adopter une "bonne conduite", ce à quoi Bertrand Russell répondit "Non, je ne veux pas." Le 2 février 1970, Bertrand Russell mourut de la grippe près de Penrhyndeudraeth, au Pays de Galles. Biographie philosophique sélective Éloge de l’Oisiveté, Bertrand Russell, aux éditions Allia. L'Alphabet du bon Citoyen & Abrégé de l'Histoire du Monde, Bertrand Russell, aux éditions Allia. Essais sceptiques, Bertrand Russell, Belles Lettres, 2011 Le célèbre texte qui valut à Russell son prix Nobel en 1950. Histoire de la Philosophie occidentale. En relation avec les événements politiques et sociaux de l'Antiquité jusqu'à nos jours, Bertrand Russell, aux éditions des Belles Lettres, 2011. Pour aller plus loin et autrement avec Bertrand RussellLa Petite Philo par Thibaut de Saint-Maurice Pourquoi avons-nous des préjugés ? Vous trouvez cet article intéressant ? Faites-le savoir et partagez-le.
Travailler moins pour vivre mieuxSi le salarié ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chômage en supposant qu’on ait recours à un minimum d’organisation rationnelle. Cette idée choque les nantis parce qu’ils sont convaincus que les pauvres ne sauraient comment utiliser autant de loisir. 1932, Éloge de l’oisiveté, Bertrand Russell.[1] Dans les mêmes années trente, Keynes prédisait pour l’an 2000 la semaine de 15 heures avec un niveau de vie quatre fois le progrès technique a tenu ses promesses, le bien être promis n’est pas au rendez-vous. En 2000, nos pays sont cinq fois plus riches que dans les années 30 mais le travail s’est intensifié pour certains, il s’est précarisé pour d’autres, il a disparu pour beaucoup trop de salariés au lieu d’être partagé entre toutes les mains. Au lieu de nous libérer, la machine nous a réduction du temps de travail a bien lieu. C’est celle qui, sans cesse, augmente les effectifs de l’armée de réserve composée de chômeurs et de travailleurs précaires pendant que d’autres doivent travailler plus de 40 heures par semaine pendant encore plus d’années. C’est à cette inégalité aussi qu’il faut s’attaquer celle de pouvoir disposer de son temps pour vivre sa vie comme on l’ des ressources et la détérioration de notre environnement nous imposent de revoir notre modèle économique fondé sur une augmentation permanente de la production de biens dont l’utilité́ peut être questionnée et que le marketing nous enjoint de chantage à l’emploi, quand l’existence de chacun est subordonnée à l’exercice d’une activité rémunérée, doit cesser pour autoriser une évolution vers un monde plus respectueux de l’environnement et économe en ressources naturelles. Laisser le marché continuer à imposer sa loi au nom de la compétitivité internationale et de la maximisation des profits est faut changer de paradigme On nous dit le travail est vital pour assurer le gîte et le couvert, nous disons au contraire qu’assurer à toutes et tous les conditions concrètes d’existence est encore beaucoup plus vital pour vivre mieux. Le quasi-monopole de l’emploi comme source de revenu est pour beaucoup dans la valeur sociale qui est accordée au travail. Pour abolir ce culte du travail, il faut briser ce monopole, il faut garantir un revenu à tous. Batiste Mylondo [2] Nous avons largement les moyens en revenus 1 450 M€ et en patrimoine 12 500 M€ d’assurer à tous les membres de la communauté ce droit universel à une existence digne en toute circonstance. Enfin les machines qui remplacent l’ouvrier peuvent et doivent aussi contribuer à assurer son existence comme le préconisait déjà Jean de Sismondi 1773- 1842 .Ainsi avec ce revenu de vie on peut Travailler moins en réduisant le temps consacré à un emploi contraint, nécessaire pour vivre mais peu valorisant,Travailler mieux en se libérant d’un emploi facilement automatisable, d’un emploi nocif et inutile pour soi et pour la moins Avec la semaine de quatre jours et l’allocation d’existenceLes travaux de Pierre Larrouturou l’ont montré la semaine de quatre jours n’est pas une hérésie économique, elle est au contraire la seule solution pour partager les emplois qui existent encore. Mais malgré quelques timides expériences on tourne le dos à une telle perspective. On incite encore ceux qui ont un emploi à travailler plus la durée hebdomadaire en France d’un plein temps est aujourd’hui de plus de 38 heures ! et on repousse l’âge de départ à la retraite ; Ces choix ont pour conséquences l’augmentation du chômage, l’accroissement sans fin des dépenses sociales pour réparer les dégâts à la fois du chômage de masse, de la précarité et de la surcharge de travail sur des salariés de moins en moins nombreux. Rythme de vie trop rapide, surcharge de travail, manque de temps pour soi ou pour leurs proches, trajets trop longs… Les actifs de six pays occidentaux dont la France ont certaines aspirations quant au futur de leur vie professionnelle. Mais les 12 074 salariés interrogés pour une étude internationale aspirent surtout à ralentir le rythme 78 % et travailler moins 51 % ! Guirec Gombert, HELLOWORKPLACE [3]Le partage des emplois avec l’allocation d’un revenu d’existence peut résoudre la quadrature du cercle qui est celle de libérer du temps sans baisse des revenus pour le travailleur, ni augmentation du coût du montre que pour le salarié rémunéré au Smic, avec l’AUE Ses revenus augmentent de 20 % ;son temps libre hebdomadaire augmente de 50 %avec une journée de travail libérée, en théorie, un emploi serait créé pour quatre emplois salariés existants,La productivité de l’entreprise ne manquerait pas d’augmenter ce qui autoriserait une augmentation nominale des salaires avec un accord collectif. Ainsi, avec l’AUE c’est un véritable cercle vertueux qui s’enclenche au profit de tous les cette exemple un ouvrier payé au SMIC pour 35h par semaine est rémunéré 1464 €, en 4 jours avec l’AUE de 900 € et une contribution CAUE de 244 € serait rémunéré 1740 €.Voir la présentation complète Avec l’allocation d’existence, le temps partiel n’est plus synonyme de précarité. On peut choisir de partager son temps entre un emploi à temps partiel et d’autres activités comme pour s’occuper de ses enfants ou de ses proches, pour créer, pour prendre des responsabilités syndicales, associatives, politiques… On peut décider de prendre un congé de six mois pour un voyage, pour des travaux, force du revenu universel est ici double d’une part, il assure positivement» un socle de revenus et d’autre part, il laisse chacun libre de compléter cette base par des revenus d’activité salariée. La modulation du temps de travail et la discontinuité de l’activité ne sont plus des menaces mais des opportunités. Julien Dourgnon [4]Ce véritable salaire socialisé avec l’AUE, ouvre la voie à la civilisation du temps libéré » chère à André́ Gorz et émancipe l’être humain de sa condition de prolétaire, condamné à perdre sa vie à essayer de la cette réduction du temps de travail concertée est une voie prometteuse pour mieux distribuer les emplois, la combiner avec l’allocation d’existence permet en sus d’aller aussi vers le travail hors de l’emploi mieux en libérant le travail du carcan de l’emploiDéjà en 1884, William Morris, fondateur de la Socialist League [5] dans un texte intitulé travail utile et vaine besogne, dénonçait le travail dénué de sens et inutile Un travail digne de ce nom suppose l’espoir du plaisir dans le repos, dans l’usage que nous ferons de son produit et dans la mise en œuvre quotidienne de nos talents créatifs. Tout autre travail que celui-là̀ ne vaut rien – c’est un travail d’esclave – c’est besogner pour vivre et vivre pour besogner.[6]Un siècle et demi plus tard, rien n’a changé, bien au contraire. Le travail aliéné triomphe seulement le travail paie peu mais l’emploi salarié n’est plus émancipateur. Il est trop souvent cause de souffrances. 90 % des salariés s’interrogent sur leur emploi actuel. Un salarié sur quatre est en état d’hyper stress, plus des deux tiers des 29 millions de salariés consomment des psychotropes, se dopent ou ont des addictions pour affronter leurs conditions de travail et le stress [7]. La crise de sens du travail touche de plus en plus tôt les salariés, les cadres comme les les salariés aspirent à changer de mode de vie et à un travail plus valorisant. La pandémie Covid 19 a accéléré ce phénomène de désertion du marché de l’emploi. Libérer le travail du carcan de l’emploi qu’on nous impose est devenue une l’aide de la technologie, le revenu d’existence permet d’accompagner ces profondes mutations et de s’échapper de ces emplois devenus inutiles ou absurdes, voire dangereux pour son intégrité physique ou psychique. Il donne la possibilité de redécouvrir un métier, de s’approprier de nouveaux savoir-faire, des compétences, des responsabilités, de créer de la véritable valeur pour soi, pour les siens, pour la viabilise ainsi des métiers aujourd’hui peu rémunérateurs Un jeune paysan n’est plus obligé d’exercer un emploi complémentaire pour équilibrer le budget de la ferme, cumulant ainsi plus de 70 heures de travail par semaine. S’il vit en couple, avec l’AUE, les deux conjoints ont des choix de vie beaucoup plus larges ils peuvent ensemble se consacrer entièrement à leur activité agricole, ils peuvent employer quelqu’un à mi-temps, prendre des vacances d’existence est le prix à payer par toute la communauté pour l’émancipation, l’épanouissement et l’inclusion de chacun de ses membres. Comme le souligne Nancy Fraser dans Qu’est-ce que la justice sociale ? ce système de redistribution universel réellement transformateur peut modifier progressivement l’équilibre du pouvoir entre le capital et le travail en minant la marchandisation de la force de permettra de faire le tri entre les emplois inutiles les fameux bullshit jobsde David Graeber et les emplois dont on ne peut se passer parce qu’ils ont une véritable utilité des éboueurs de New York montre qu’il est possible de valoriser des métiers pénibles mais très utiles pour la société. Aujourd’hui, plus de 50 ans après une grève historique de 9 jours, qui avait noyé́ la ville dans les ordures en février 1968, un ouvrier au service de la propreté à New York gagne jusqu’à 70 000 $ par an après cinq ans d’ancienneté.[8] Si cette conquête a été possible dans l’antre mondiale du capitalisme, avec ce revenu minimum garanti, chacun sera encore plus fort pour lutter pour de meilleures conditions de Morris dans Travail utile et vaine besogne[9] rêvait de cette liberté́ qui reste à conquérir Une fois libérés de l’angoisse quotidienne de la faim, quand ils auront découvert ce qu’ils veulent vraiment et que rien sinon leurs propres besoins n’exercera plus sur eux de contrainte, les gens refuseront de fabriquer les niaiseries qu’on qualifie d’articles de luxe ou le poison et les ordures qu’on nomme articles bon oui, il existe bien une alternative au sinistre et débile projet du travailler plus pour gagner plus, pour que chacun participe avec ses moyens à la création de richesses sans être condamné à travailler trop, à travailler mal ou au contraire être assigné à l’inaction et à la ce revenu de vie ne permet pas seulement de réduire le temps de travail dans l’emploi, il autorise à travailler autrement et mieux en osant abandonner un emploi dénué de sens, un travail marchandise.[10] Alain SupiotLe travail permet d’habiter le monde, à condition d’être libéré de cette angoisse de devoir assurer à tout prix le lendemain pour soi et sa famille et ne plus céder au chantage d’un emploi de survie, à condition de pouvoir donner du sens et du temps à chacune de nos activités. L’allocation universelle d’existence ouvre la porte à une société du choix, du temps libéré de la compétition et de la performance individuelle, pour que chacun et chacune, dans une égale considération, trouve sa place dans la communauté des humains et dans le respect de son Van Parijs, philosophe, fondateur du Basic Income Earth Network Il s’agit de construire un État social qui mise intelligemment sur l’épanouissement du capital humain plutôt que sur l’astreinte d’un emploi non choisi. ____________________[1] Éloge de l’oisiveté́, Bertrand Russell, première Édition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris éditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 p. Traduit de l’anglais par Michel Parmentier.[2] Batiste Mylondo, Ne pas perdre sa vie à la gagner, pour un revenu de citoyenneté, Éditions du croquant, 2010.[3] Les salariés occidentaux aspirent à changer de mode de vie par Guirec Gombert, HELLOWORKPLACE, 23 juin 2016.[4] Julien Dourgnon Revenu universel Pourquoi ? Comment ?[5] Avec entre autres Eleanor Marx, fille de Karl Marx.[6] Texte présenté par Anselm Jappe dans La civilisation et le travail Éditions Le passager clandestin, 2013.[7] Quand le travail pousse au dopage une réalité́ pour 69 % des Français, Journal Sud-Ouest, 11/11/2017[8] Lire pages 147 et suivantes Utopies réalistes de Rutger Bregman, Éditions du Seuil, 2017.[9] Texte présenté́ par Anselm Jappe dans La civilisation et le travail, Éditions Le passager clandestin, 2013[10] Le travail n’est pas une marchandise. Contenu et sens du travail au XXI ° siècle, Alain Supiot, Leçon de clôture du Collège de France du 22 mai
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Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j’ai été élevé selon le principe que l’oisiveté est mère de tous les vices. Comme j’étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi doté d’une conscience qui m’a contraint à peiner au travail toute ma …Pour parler sérieusement, ce que je veux dire, c’est que le fait de croire que le TRAVAIL en lettres majuscules dans le texte est une vertu est la cause de grand maux dans le monde moderne, et que la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail.…Il existe deux types de travail le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la Terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu’un d’autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé. Le second type est agréable et très bien payé. Le second type de travail peut s’étendre de façon illimitée il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d’ordres à donner.…Quand je suggère qu’il faudrait réduire à quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu’il reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui semble.…Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considérable. La classe oisive bénéficiait d’avantages qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nécessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait à inventer des théories qui pussent justifier ses privilèges. Ces caractéristiques flétrissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgré ce handicap, c’est à elle que nous devons la quasi totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a généralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie.…Les méthodes de production, modernes, nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indé Russell
Est-ce que nous faisons assez de place à l’oisiveté dans nos vies? Photo Spencer Selover via Pexels Dans son magnifique essai de 1932 intitulé Éloge de l’oisiveté », le philosophe Bertrand Russell a écrit En effet, j’en suis venu à penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense […] ». Ces mots pourraient nous inspirer une solution à la crise climatique. Russell préconisait une diminution graduelle du travail rémunéré à quatre heures par jour une façon selon lui de favoriser le plein emploi, de faire plus de place aux loisirs créatifs et de contribuer au bien commun. Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère », a-t-il écrit. Dans les années 1930, Russell, on le comprend, ne parlait pas de protection environnementale, même s’il faisait allusion à la capacité de l’être humain à transformer la planète. Mais, pourquoi ne pas pousser sa pensée plus loin et voir dans l’oisiveté une solution climatique ? Sa théorie porte sur le travail rémunéré. Mais elle pourrait également constituer un appel à une diminution de l’activité générale, une invitation à rester tranquille. Tout ce que nous faisons requiert de l’énergie. Faire quelque chose, c’est polluer. C’est participer au réchauffement. C’est, en fait, contribuer à l’urgence climatique. Lorsque mes enfants étaient petits, nous avions un pédiatre perspicace qui abordait les maladies bénignes en ces termes Eh bien, nous pouvons essayer un médicament ou nous pouvons ne rien faire ». Il m’a appris que d’attendre avant d’agir peut, dans certains cas, s’avérer un choix judicieux. Alors, quand devrions-nous pratiquer l’oisiveté ? Le problème ne réside pas tant dans les déplacements alimentés par les combustibles fossiles que dans les déplacements en général. Le problème n’est pas seulement que nous bougeons, mais que nous bougeons trop. Prenons le transport. Les environnementalistes nous incitent à abandonner les véhicules à essence au profit de modèles électriques. Ces derniers sont parfaits et font certainement partie de la solution à l’urgence climatique, mais nous devons peut-être en faire plus. Le problème ne réside pas tant dans les déplacements alimentés par les combustibles fossiles que dans les déplacements en général. Le problème n’est pas seulement que nous bougeons, mais que nous bougeons trop. En effet, même les véhicules électriques contribuent à la crise environnementale. Outre les conséquences écologiques liées à leur fabrication, ils peuvent favoriser d’autres activités néfastes pour le climat, comme prendre sa Tesla pour se rendre chez le boucher ou à l’aéroport. La solution optimale n’est pas de se déplacer en voiture électrique, mais de s’interroger sur la nécessité de nos déplacements. La meilleure chose à faire est peut-être d’en faire moins. Dans cette même veine, nous pourrions envisager de dormir davantage. Lorsque nous dormons, nous utilisons moins d’appareils électriques et d’éclairage, moins d’eau chaude, de chauffage et de climatisation. Le temps passé sous les couvertures n’est pas passé derrière le volant. À l’échelle du Canada, si nous dormions une heure, voire une demi-heure, de plus par nuit, nous réduirions considérablement notre consommation de combustibles, sans compter les bienfaits qu’en retireraient les personnes en manque de sommeil. Et si nous encouragions les gens à faire une sieste durant la journée ? L’idée vous semble peut-être farfelue, mais les situations critiques requièrent des mesures novatrices. Et si nous encouragions les gens à faire une sieste durant la journée ? L’idée vous semble peut-être farfelue, mais les situations critiques requièrent des mesures novatrices. Les écoles et entreprises pourraient installer des lits pliants, et demander à tous d’éteindre les lumières et appareils et de s’étendre durant 30 minutes. Nous pourrions appeler cette pause le siesta-club ». Il est clair que certains n’y participeraient pas, mais ceux qui le feraient trouveraient sûrement cela très revigorant. Des villes comme Tokyo, Londres et New York ont maintenant des bars à sieste » et des cafés à sieste ». À Toronto, l’entreprise Nap It Up loue des lits pour des siestes de 25, 55 ou 85 minutes. Tout comme les ours sont peu menaçants durant leur hibernation, les humains réduisent leur potentiel destructeur lorsqu’ils dorment. Inactifs, nous sommes moins nuisibles. Et dites-vous que Bouddha n’a atteint le nirvana que lorsqu’il a choisi de cesser toute activité. Il s’est simplement assis sous un vieux figuier des pagodes ! Il ne s’agit pas de pratiquer une oisiveté générale, mais plutôt une oisiveté sélective. En matière d’activisme climatique, par exemple, il faudrait en faire plus, pas moins. Nous devons mobiliser davantage de personnes et étendre notre influence. Cela dit, là encore, l’inaction a sa place. Les environnementalistes sont souvent invités dans le cadre de leur travail à parcourir de longues distances pour se rendre à des conférences. Ils devraient se sentir légitimés de refuser ces invitations. Si une rencontre n’est pas essentielle, une notion qui n’est pas toujours facile à définir, ils devraient envisager la possibilité de rester chez eux. La maladie impose l’oisiveté. Elle exige une période d’alitement et de repos non négociable, question de se rétablir. La situation climatique exige de la société une telle oisiveté. Nous devons écouter notre milieu malade ; nous devons écouter notre planète en crise. Nous devons, à tout le moins, ralentir. AGISSEZ CHEZ VOUS Traduction Monique Joly et Michel Lopez
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